Encourager les enfants à écrire est une démarche passionnante, mais parfois délicate. Il y a d’ailleurs de nombreuses similitudes avec l’incitation à la lecture. Comme, par exemple, le fait de pouvoir explorer son imagination, améliorer des compétences parallèles, telle que la communication ou encore accroître la confiance en soi.
Mon approche est donc assez semblable que l’on souhaite faire lire ou faire écrire les enfants. À l’école ou à la maison, l’acte d’écrire doit être une expérience ludique et enrichissante. En tant qu’adultes, il nous faut peser nos attentes et notre quête plus ou moins consciente d’un résultat tangible et quantifiable. Sinon, le risque est grand de bloquer les enfants ou les élèves dès le départ.
Pourquoi faire écrire les enfants ?
Eh oui, pourquoi embêter encore nos chères têtes blondes, brunes et rouge et jaune à petits pois avec cette histoire d’écriture alors que les machines font désormais cela si bien ?
Développer l’imagination et la créativité
Justement parce qu’écrire comporte des dimensions humaines qu’aucune machine ne peut égaler. Écrire, c’est rêver avec un crayon à la main. En invitant les enfants à raconter des histoires, nous leur offrons une toile blanche où peindre leurs mondes intérieurs. L’imagination, telle un muscle, se renforce avec l’entraînement. Il suffit donc d’instaurer l’opportunité d’écrire.
Cela dit, ce peut être très compliqué. La toile vierge peut se transformer en peur de la page blanche, les enfants les plus réservés tournent autour des émotions qu’ils n’expriment jamais à voix haute et la crainte du jugement des fautes, de la forme des signes finit de bloquer les débutants.
Pour limiter ces obstacles, on peut proposer une question ouverte qui fait office de déclencheur d’écriture. Avec les plus jeunes, une simple interrogation peut ouvrir des portes vers des récits extraordinaires. "Et si ton jouet préféré devenait vivant, que ferait-il en premier ?"
Améliorer les compétences en communication
À travers l’écriture, les enfants apprennent à structurer leurs idées et à les exprimer clairement. Bien sûr, cela n’arrive pas du premier coup. Mais les enfants se rendent vite compte, surtout si on leur lit des histoires, que le langage écrit n’est pas le copié-collé du langage oral. En tout cas, pas constamment.
L’écriture demande en effet des efforts différents pour faire passer ses idées vers les autres. Réfléchir en amont afin de ne pas se reprendre comme on le fait à l’oral, organiser son propos, choisir ses mots sont autant de compétences utiles pour les futures études que dans la vie quotidienne.
Renforcer la confiance en soi
L’acte d’écrire, comme celui de lire à haute voix, expose aux regards des autres. Il faut oser partager un morceau de soi, une bribe d’imagination, une invention, une formulation. C’est une véritable mise en péril. L’enjeu est déjà d’importance pour les adultes en ateliers d’écriture, alors imaginez pour des enfants qui craignent le jugement des pairs, la sanction de la note.
Il est donc primordial que tout soit mis en œuvre pour atténuer ces craintes d’emblée. Les idées des enfants, parfois déroutantes, doivent être valorisées. Il ne s’agit pas d’applaudir à tout et n’importe quoi, d’autant plus que l’enfant verrait la supercherie et en ressortirait encore plus affecté. Mais bien de savoir détecter ce qui est positif et d’encourager son déploiement plutôt que de marquer ce qui l’est moins. C’est un excellent moyen de faire grandir l’estime de soi des enfants qui, petit à petit, reconnus dans leur singularité, s’exprimeront davantage à l’écrit et en lecture partagée.
Comment encourager les enfants à écrire ?
Bon, la théorie, c’est bien joli. Je trouve d’ailleurs cela essentiel afin d’éviter certains schémas plombant d’office toute tentative. Néanmoins, la mise en œuvre demeure le nerf de la guerre, euh, de l’aventure de l’écriture, pardon.
Un environnement propice à l’écriture
En classe ou à la maison, la création d’un espace calme et attrayant favorise l’essai d’une nouvelle activité d’imagination. Toutefois, il s’avère difficile de bouger meubles et tables. Il faut donc jouer sur le ressenti. En disposant des crayons de couleurs sur les tables, en distribuant des feuilles colorées, on fait passer le message : cette activité n’est pas comme les autres.
Parler calmement, laisser chacun choisir son outil d’écriture facilite la mise en action. Bien sûr, les explications accompagnent cette préparation. « Aujourd’hui, on ne parle pas de fautes d’orthographe, on parle de créer une histoire ».
Des consignes ouvertes pour faire écrire les enfants
Plutôt que d’imposer un sujet rigide qui ressemblerait comme deux gouttes d’encre à un exercice scolaire, la proposition de thèmes laisse place à l’interprétation. On peut ainsi « raconter une journée dans la peau d’un animal » ou « imaginer un monde où tout le monde parle en rimes » pour les enfants en train d’étudier la poésie.
Intégrer le jeu
Encore une fois, pour séparer les moments d’écriture des leçons et faciliter les débuts, on peut varier les approches. L’écriture se détache ainsi de son côté trop sérieux, intimidant. Les jeux d’écriture, « inventer une histoire à partir de mots tirés au hasard » ou « compléter une phrase inachevée », rendent l’expérience amusante et sans pression.
Il faut ensuite essayer, en montrant l’exemple, de faire lire les écrits et de mettre en place une ambiance de respect. Oui, on peut rire de la création lue parce qu’elle est drôle ou surprenante. Mais en aucun cas, on ne jette des jugements qui commencent par « tu as, tu n’as pas, tu es… »
Des idées pour débuter et faire écrire les enfants
La question farfelue : le meilleur moyen de montrer que la séance d’écriture est informelle consiste à annoncer la couleur. Choisir une question ouverte qui appelle forcément l’imagination comme la vie d’un objet, la situation irréaliste incite à se laisser aller.
L’histoire en chaîne : chaque membre de la famille ou du groupe, en classe, écrit une phrase à tour de rôle pour créer une histoire collective. Ce cadavre exquis met tous les participants sur un pied d’égalité. Il faut inventer à la minute, la contribution est brève, les résultats souvent drôles.
La lettre du futur : exercice plus personnel, mais qui remporte un franc succès auprès des plus jeunes. Tout est permis pour imaginer son avenir idéal, dans un monde qui n’est pas forcément réaliste. On repère vite celles et ceux qui ont la fibre des super-héros ! 😊
Faire écrire les enfants, c’est leur donner les clés pour explorer leur monde intérieur, structurer leurs idées et trouver leur voix (leur voie ?). Les enfants, encouragés et guidés avec bienveillance, découvrent en eux des talents insoupçonnés. Comme pour la lecture, montrer l’exemple est décisif. Voir ses parents écrire, à la main, écouter son enseignante qui lit sa création lors d’un atelier d’écriture en classe constituent des influences positives. Il ne reste plus qu’à suivre ces modèles.
Comments